
Depuis plusieurs années, le régime fiscal français incite les contribuables à optimiser leur patrimoine à travers divers dispositifs. Parmi ceux-ci, l’article 150-0 B ter du Code général des impôts (CGI) se démarque comme un outil précieux pour les chefs d’entreprise et les investisseurs. En permettant le report d’imposition sur les plus-values réalisées lors de l’apport de titres, ce dispositif offre une flexibilité non négligeable pour la gestion patrimoniale.
Le fonctionnement du report d’imposition selon l’article 150-0 B ter du CGI
L’article 150-0 B ter du code général des impôts instaure la possibilité pour les contribuables de différer l’imposition de la plus-value lors de l’apport de titres à une société, principalement une holding contrôlée par l’apporteur. Ce mécanisme répond à plusieurs enjeux notamment celui de résoudre des problématiques de trésorerie lors de la réorganisation du patrimoine professionnel.
En pratique, lorsque l’apporteur transmet des titres (actions ou parts sociales) à une société, l’imposition sur la plus-value réalisée est suspendue. Cela signifie que le contribuable ne paye pas d’impôts à l’instant T, mais il devra le faire lors de la vente ultérieure des titres reçus en échange. Cette disposition se révèle particulièrement avantageuse pour ceux qui souhaitent réinvestir l’intégralité de leurs gains sans solliciter leurs ressources immédiates.
Pour illustrer ce fonctionnement, prenons un exemple concret : un entrepreneur, M. Dupont, possède des actions d’une valeur de 500 000 €. En les apportant à une holding qu’il contrôle, il peut reporter l’imposition de la plus-value. Ainsi, l’impôt n’est payable qu’au moment où M. Dupont vendra les titres reçus de la holding. Cela accroît son pouvoir d’investissement immédiat, car il peut exploiter les liquidités qu’il aurait sinon utilisées pour régler ses impôts.

Conditions pour bénéficier du report d’imposition
Pour profiter de l’article 150-0 B ter du CGI, certaines conditions doivent impérativement être respectées. En effet, les avantages de ce dispositif sont conditionnés par une série de critères qui garantissent son utilisation à bon escient.
Les principales conditions incluent :
- Le statut de l’apporteur : Seules les personnes physiques ou les sociétés soumises à l’impôt sur le revenu (IR) peuvent bénéficier du report. Cela inclut par exemple une SCI familiale.
- La société bénéficiaire : Doit être soumise à l’impôt sur les sociétés (IS) et contrôlée par l’apporteur. Ce contrôle se traduit par la détention d’un minimum de 50 % des droits de vote ou des bénéfices.
- Le montant de la soulte : Si l’apporteur reçoit une soulte, elle ne doit pas dépasser 10 % de la valeur totale des titres apportés. À titre d’exemple, pour un apport de titres de 100 000 €, la soulte ne saurait excéder 10 000 €.
Ces règles ont pour but d’encadrer les apports afin d’assurer qu’ils sont effectués dans un but réel de réorganisation patrimoniale plutôt que d’évasion fiscale. Si la soumise dépasse les 10 %, la plus-value devient immédiatement imposable, ce qui pourrait annuler les bénéfices attendus du report.
Critères | Détails |
---|---|
Type d’apporteur | Personnes physiques ou sociétés soumises à l’IR |
Société bénéficiaire | Soumise à l’IS, contrôlée par l’apporteur |
Soulte maximale | Ne dépasse pas 10 % de la valeur des titres |
Les événements mettant fin au report d’imposition
Il est essentiel de comprendre que le report d’imposition est temporaire et peut s’interrompre sous certaines conditions. Ces événements doivent être anticipés afin d’éviter des conséquences fiscales désavantageuses pour le contribuable.
Les principales situations entraînant la fin du report d’imposition comprennent :
- Vente des titres reçus : Si l’apporteur ou la holding vend les titres reçus en échange, l’imposition s’active immédiatement.
- Réduction de capital : Si la holding effectue une réduction de capital avec remboursement d’argent à l’apporteur ou annulant les titres, cela entraîne aussi la fin du report.
- Changement de domicile fiscal : Si l’apporteur transfère son domicile fiscal à l’étranger, cela déclenche également l’imposition de la plus-value reportée.
Pour mieux comprendre, prenons l’exemple suivant : M. Dupont a apporté ses titres à une holding en 2025 et décide de les vendre en 2027. À ce moment-là, tout l’impôt initialement reporté devient exigible, ce qui pourrait avoir un impact significatif sur sa trésorerie.
Événement | Conséquence |
---|---|
Vente des titres | Imposition immédiate de la plus-value |
Réduction de capital | Impôt exigible sur la plus-value reportée |
Changement de domicile fiscal | Imposition immédiate sauf exceptions |

Maintien du report d’imposition : Meilleures pratiques
Pour assurer que le report d’imposition selon l’article 150-0 B ter ne soit pas remis en cause, il est essentiel de mettre en place des pratiques rigoureuses et de respecter les obligations fiscales. Cela permet non seulement de maintenir les bénéfices du report, mais aussi de garantir une tranquillité d’esprit face à l’administration fiscale.
Les conseils pratiques pour maximiser le maintien du report d’imposition sont les suivants :
- Conservation des titres : La holding doit conserver les titres échangés pendant au moins 3 ans après l’apport. Cela préserve le report tant qu’aucun événement ne vient l’interrompre.
- Réinvestissement des liquidités : En cas de cession des titres par la holding, assurer le réinvestissement d’au moins 60 % du produit de la vente dans une activité opérationnelle dans les deux ans suivant cette cession.
- Diligence dans les obligations déclaratives : Mentionner annuellement la situation fiscale dans la déclaration de revenus pour éviter tout litige avec l’administration fiscale.
Par conséquent, en suivant ces meilleures pratiques, les chefs d’entreprise peuvent protéger leurs investissements tout en évitant des implications fiscales désagréables. Par exemple, une attention particulière à la documentation peut prévenir les déconvenues lors des contrôles fiscaux.
Exonérations fiscales : Vers une imposition définitive nulle
L’article 150-0 B ter du CGI ouvre également la porte à la possibilité d’exonération définitive de l’impôt sur la plus-value dans des cas spécifiques. Cela permet aux investissements de se concrétiser sans fardeau fiscal ultérieur, un véritable atout pour tout contribuable.
Pour bénéficier d’une exonération définitive, le contribuable doit soigneusement observer plusieurs conditions clés :
- Transmission gratuite des titres : La donation des titres reçu doit être effectuée dans le respect des conditions de conservation pendant au moins 5 ans.
- Domicile fiscal en France : Le bénéficiaire de la donation (donataire) doit rester domicilié en France durant ces 5 années afin de maintenir l’exonération fiscale.
- Bons réflexes : Il est essentiel de garder une documentation appropriée et de garantir que les titres ne soient pas transférés avant la période de conservation requise.
En cas de non-respect de ces conditions, l’exonération pourrait être perdue, et l’impôt deviendra exigible, soulignant l’importance de la planification fiscale et d’un engagement continu vis-à-vis des obligations réglementaires.
L’impact de l’article 150-0 B ter du CGI sur la stratégie patrimoniale
En intégrant le dispositif 150-0 B ter dans leur stratégie patrimoniale, les chefs d’entreprise et contribuables peuvent créer des leviers financiers significatifs. Ce mécanisme influe non seulement sur le régime fiscal, mais également sur les choix d’investissement et la répartition du capital.
Les effets de cet article sur la gestion du patrimoine peuvent être résumés comme suit :
- Flexibilité financière : En facilitant la réorganisation des actifs sans imposition immédiate, les contribuables bénéficient d’une plus grande liberté pour explorer de nouvelles opportunités d’investissement.
- Stratégie de transmission : Le report d’imposition permet de planifier sereinement la succession, que ce soit par le biais de donations ou d’autres formes de transmission.
Impact | Conséquence |
---|---|
Flexibilité financière | Mieux réinvestir sans impôts immédiats |
Optimisation fiscale | Différer l’impôt pour des projets futurs |
FAQ : Questions fréquentes sur l’article 150-0 B ter
Qu’est-ce que l’article 150-0 B ter du CGI ?
C’est un dispositif fiscal permettant de reporter l’imposition des plus-values sur l’apport de titres à une holding contrôlée par le contribuable.
Quels sont les critères requis pour bénéficier du report d’imposition ?
Les principaux critères incluent le statut de l’apporteur, la nature de la société bénéficiaire, et le plafond de la soulte.
Comment est calculée la plus-value reportée ?
La plus-value est déterminée au moment de l’apport et reste fixe jusqu’à ce que le report s’interrompe.
Quelle est la conséquence d’une vente de titres pour le report d’imposition ?
La vente des titres entraîne l’imposition immédiate de la plus-value reportée.
Quelles sont les obligations déclaratives associées au report d’imposition ?
Les contribuables doivent signaler l’opération dans leur déclaration de revenus annuelle et mentionner le report d’imposition chaque année.